Thich Nhat Hanh vient de passer 95 ans sur cette terre dont près de quatre-vingt en tant que moine bouddhiste. En effet, devenu moine à 14 ans, il assiste aux guerres dont son pays est l’objet de 1941 à 1975. A 24 ans, en 1950, il crée l’Institut des hautes études du bouddhisme An Quang et lance ensuite la dynamique du bouddhisme engagé. Il fonde en 1965 l’école de la jeunesse au service social. Devenu proche de Martin Luther King après des études dans des universités américaines, il est interdit de séjour au Vietnam et son exil se passe en France et aux États-Unis principalement. En France, il crée le groupe de la patate douce puis le Village des Pruniers entre Bergerac et Bordeaux. Atteint d’un accident vasculaire cérébral en 2014, il a pu passer ses dernières années à son monastère d’origine, à Hué où il vient de décéder.
Le succès mondial de l’enseignement de Thich Nhat Hanh est lié à de multiples facteurs: outre sa sincérité, son humilité, son charisme et son intelligence, à la mise en évidence de la pratique bouddhiste de la méditation : plus qu’un enseignement intellectuel, Thich Nhat Hanh nous renvoie à l’expérience de la pratique de la méditation de pleine conscience, à la marche méditative, aux pratiques collectives et partagées dans les sanghas, à l’engagement dans le monde actuel avec ses défauts et ses opportunités. En unissant le corps et l’esprit dans la méditation assise ou marchée, cette expérience pratique unit le méditant au monde qui l’entoure, ce monde qui a tant besoin de guérison. L’important est de se libérer des peurs et des remords issus du passé, de se libérer des craintes et des plans tournés vers l’avenir ; autrement dit de revenir au moment présent. Loin de se présenter comme le prédicateur d’une religion, il propose des moyens concrets de libération, quelles que soient les croyances ou les idéologies.
Les ouvrages de Thich Nhat Hanh sont nombreux (50 traduits en français) et on peut retenir notamment : « Prendre soin de l’enfant intérieur » (Belfond, 2014) ; « Pour une métamorphose de l’esprit » (La Table Ronde, 2001) ; « Vivre en pleine conscience. L’intégrale » (Belfond, 2017), « Conversations intimes avec le Bouddha » (Courrier du livre, 2013) ; « La terre est ma demeure » (Belfond, 2017) ; « Ce monde est tout ce que nous avons » (Courrier du livre, 2020) ; « La paix en soi, la paix en marche » (Albin Michel, 2006) ; « Il n’y a ni mort ni peur » (Pocket, 2005) ; « Sur les traces de Siddharta » (Pocket, 1998).